Une approche psychanalytique pour chacun

Nous proposons le traitement psychodynamique à un public de tous les âges. La cure analytique permet la résolution des impasses amoureuses, professionnelles, académiques ou relationnelles. Souvent, le symptôme est pris dans une répétition aux racines inconscientes. D’autrefois, il constitue le rêve d’un avenir inaccessible. Notre mission est de rendre possible l’accomplissement de soi empêché par l’inhibition, l’anxiété, la phobie, l’obsession, la dépression ou par toute autre forme d’assujettissement restreignant la liberté. Notre pratique, qui réfute par principe la standardisation de l’humain, singularise son écoute en fonction de chacun.

Périnatalité, enfance, adolescence:
des expertises à part

La perinatalité et la psychothérapie des enfants et des adolescents requièrent une expertise distincte centrée sur le lien et la sytémie familiale. La consultation prénatale ou des parents avec leur bébé facilite et déploie l’attachement. L’expression et la résolution des difficultés juvéniles passent par le jeu symbolique à l’aide de figurines, de dessins, de la pâte à modeler ou de quelque autre activité ludique. L’adolescence exige un art de l’écoute et de la parole respectant le désir de singularité tout en soulageant l’angoisse de différenciation. Si les problèmes des jeunes ont pour cause un mécanisme familial, les parents pourront être orientés par le psychologue.

Formation continue et supervision

Nous offrons aux professionnels des services de supervision dans nos domaines d’expertise.

Nous pouvons aussi répondre sur mesure aux demandes de formation continue qui nous sont adressées.

Surveillez régulièrement cette section : nous vous y proposerons prochainement des activités reconnues par l’Ordre des psychologues au chapitre de la formation continue.

Qu’est-ce qu’une psychanalyse?

La cure analytique est le moyen de se libérer des effets de l’inconscient qui nous déterminent à notre insu. Elle permet de désabonner notre existence des événements qui ont pu prendre une valeur traumatique et qui en ont restreint la liberté. L’alliance thérapeutique, ou transfert, qui au fur et à mesure des sessions actualise la dynamique des répétitions, aide à réaliser la part que nous y prenons. L'analyste est celui à qui on s’adresse pour démêler les patterns de ces repetitions, jusqu’à ce que la résolution du lien les suspende en dénouant la méconnaissance de ce qui les causait. À l’issue du processus, on peut donc savoir comment mieux se débrouiller dans la conduite de sa vie.

François Cardoso

psychanalyste, psychologue, membre de l’OPQ.

Une expérience plurielle de l’humain

Je suis titulaire d’une Maîtrise de Philosophie, d’un DESS de psychologie clinique et psychopathologie, d’un DEA de Psychanalyse, d’un DESU de neuropsychologie et d’un DU en thérapies familiales et systémiques.

J’ai commencé il y a vingt ans par l’accompagnement des patients toxicomanes en périodes de sevrage, en travaillant simultanément en psychiatrie adulte aiguë. Puis, j’ai pratiqué la psychothérapie dans un institut auprès de jeunes âgés de cinq à vingt ans rencontrant des difficultés de développement. J’ai exercé ensuite en clinique ambulatoire infanto-juvénile hospitalière pour des suivis individuels ou familiaux, tout en étant consultant en périnatalité et en petite enfance. Fort de ces expériences, je travaille depuis plus d’une dizaine d’années à Montréal où je reçois enfants, adolescents et adultes pour des consultations en pratique privée.

Mylène Giroux

psychologue et psychanalyste, membre de l’OPQ,
Titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en psychologie clinique et en recherche

Formée aux différentes approches en psychologie, je me suis spécialisée en psychanalyse auprès des enfants et des adultes. J’ai une expérience très diversifiée : au début de mon parcours clinique, j’ai pratiqué la psychothérapie auprès de personnes présentant des problèmes sévères et persistants en santé mentale. Depuis plusieurs années, j’œuvre principalement auprès d’enfants, d’adolescents, d’adultes, de familles et de couples. Je dispose en outre d’une une expertise approfondie en périnatalité, plus particulièrement pour ce qui concerne les difficultés psychiques survenant pendant la grossesse. Je m’intéresse au désir d’enfant des femmes et aux enjeux relatifs à la parentalité. J’ai également donné des formations dans les divers domaines de ma spécialisation.

Une approche psychanalytique pour chacun

Nous proposons le traitement psychodynamique à un public de tous les âges. La cure analytique permet la résolution des impasses amoureuses, professionnelles, académiques ou relationnelles. Souvent, le symptôme est pris dans une répétition aux racines inconscientes. D’autrefois, il constitue le rêve d’un avenir inaccessible. Notre mission est de rendre possible l’accomplissement de soi empêché par l’inhibition, l’anxiété, la phobie, l’obsession, la dépression ou par toute autre forme d’assujettissement restreignant la liberté. Notre pratique, qui réfute par principe la standardisation de l’humain, singularise son écoute en fonction de chacun.

Périnatalité, enfance, adolescence:
des expertises à part

La perinatalité et la psychothérapie des enfants et des adolescents requièrent une expertise distincte centrée sur le lien et la sytémie familiale. La consultation prénatale ou des parents avec leur bébé facilite et déploie l’attachement. L’expression et la résolution des difficultés juvéniles passent par le jeu symbolique à l’aide de figurines, de dessins, de la pâte à modeler ou de quelque autre activité ludique. L’adolescence exige un art de l’écoute et de la parole respectant le désir de singularité tout en soulageant l’angoisse de différenciation. Si les problèmes des jeunes ont pour cause un mécanisme familial, les parents pourront être orientés par le psychologue.

Formation continue et supervision

Nous offrons aux professionnels des services de supervision dans nos domaines d’expertise.

Nous pouvons aussi répondre sur mesure aux demandes de formation continue qui nous sont adressées.

Surveillez régulièrement cette section : nous vous y proposerons prochainement des activités reconnues par l’Ordre des psychologues au chapitre de la formation continue.

Qu’est-ce qu’une psychanalyse?

La cure analytique est le moyen de se libérer des effets de l’inconscient qui nous déterminent à notre insu. Elle permet de désabonner notre existence des événements qui ont pu prendre une valeur traumatique et qui en ont restreint la liberté. L’alliance thérapeutique, ou transfert, qui au fur et à mesure des sessions actualise la dynamique des répétitions, aide à réaliser la part que nous y prenons. L'analyste est celui à qui on s’adresse pour démêler les patterns de ces repetitions, jusqu’à ce que la résolution du lien les suspende en dénouant la méconnaissance de ce qui les causait. À l’issue du processus, on peut donc savoir comment mieux se débrouiller dans la conduite de sa vie.


Robots ? Après tout !?

Dans Blade Runner, les répliquants ne sont pas exactement des robots : ce sont les produits d’une manipulation génétique, capables de pensées et de décisions autonomes, mais dépendants des êtres humains de qui ils reçoivent les ordres de leurs mission. Autrement dit, ils forment la représentation la plus poussée que nous puissions nous faire d’une intelligence artificielle, puisque cette fois authentiquement incarnée.

Le film de Denis Villeneuve aborde ce thème sous un angle résolument neuf. Résumons le scénario : K. est un de ces androïdes dont la fonction est de poursuivre les répliquants qui se sont rebellés contre la condition d'esclave que les humains leur ont froidement assigné. Ces derniers vivent cachés et doivent êtres soumis à un test pour être formellement identifiés avant de subir leur "retrait" - dans la novlangue de l’œuvre, qui n’est pas sans rappeler les terminologies dont les totalitarismes parent leurs crimes, ce terme masque tout simplement le meurtre dudit répliquant. Aussi K., agent du FBI, ne reçoit-il d’autres commandements que d’assassiner, au un par un, ceux qui, parmi ses semblables, osèrent se révolter.

Le retrait qui inaugure le film pose cependant un problème épineux à son principal protagoniste par la découverte du cadavre d’une répliquante ayant accouché par césarienne et ouvrant la possibilité à ce que cette espèce produite industriellement parvienne à s’engendrer. La mission de K. devient donc : procéder au retrait de l’enfant du miracle en retrouvant la trace perdue de cet être inédit.

Allons au vif : du fait d’un souvenir-écran K. finit par se demander si il n’est pas lui-même cet enfant. Il subira du reste la pire des desubjectivations en réalisant que cet épisode dont il aura un moment l’illusion qu’il est un fragment de son véritable passé oublié, appartient en fait à la mémoire de l'authentique rejeton de la conception imprévue, la femme devenue adulte et ingénieur en cybernétique qui le lui a implanté ou greffé à son inconscient comme une énigme illisible. Et cette phrase venue des répliquants rebelles de résonner comme l’Oracle de toutes les dérélictions : nous avons tous espérés être cette exception.

Et c'est ici que réside la puissance inattendue du film de Villeneuve : un être machiné échoue au test de Turing qu'il s'administre à lui-même, en ayant un instant le fantasme d’être plus qu’une intelligence artificielle, c’est-à-dire en s’imaginant comme le reste perdu et angoissé d'un amour vrai. Que ces amours soient celles de Decker, un Blade Runner qui fut son prédécesseur - mais trop humain peut-être ?- et d’une répliquante que par son attachement affectif le père putatif renonça à "retirer", mériterait une analyse supplémentaire que nous ne produirons pas ici.

Voici exactement le point de résolution d’une cure : que le sujet se réalise lui-même comme un reliquat affectif à travers l’objet qui représente ultimement le fondement juste de son narcissisme et de son désir.

Mais ici, de surcroît, se signale la seule condition de possibilité d’une intelligence artificielle au sens fort : qu’elle puisse se tromper elle-même quant à la non-artificialité de son existence et se croire produite d’un engendrement du vivant lui-même, ce qui lui permettrait, comme le passant d’une cure du reste, de désaliéner sa vie des signifiants qui l'avaient programmé jusque là - point que K. malheureusement ne rejoint à la fin du film que dans l’assomption de sa mort, assomption qui le sépare de l'ordre humain qui avait limité la condition de son être à sa stricte vocation de Blade runner.

Autrement dit, il y aura belle lurette avant que les androïdes ne rêvent à leur tour de moutons électriques.

Montréal, le 18 juillet 2018

François Cardoso,
Psychanalyste


Prêt joueur deux ?

Commençons par résumer l’intrigue du film : Wade, un orphelin élevé par sa tante, devient dans l’Oasis Parsifal et il n’est pas allé chercher ce surnom dans la légende arthurienne par hasard. Pour lui en effet, Hallyday, le créateur mort du monde virtuel, tient la fonction du père idéal qui, dans la réalité, fait par définition toujours plus ou moins défaut. À ce titre, l’œuf de Pâques caché dans le jeu et convoité par tous parce qu’il s’agit d’un immense montant d’argent, revêt une toute autre signification pour le jeune Wade : celle d’un Graal, représentant un savoir sur la jouissance du père, puisque la résolution un peu bateau de l’énigme lui permettra de reconnaître la supériorité de l’amour et de l’amitié sur la valeur de l’argent.

En contrepoint à ce motif du père qui se prête à l’idéalisation peut-être précisément parce qu’il est mort, le film en développe un autre : l’oncle par alliance de Wade, la figure typique du loser, et son alter ego tout-puissant, Nic Sorento, patron de IOI, Innovative Online Industries, l’affreux jojo nécessaire à la mise sous tension du scénario, dont la richissime compagnie capitalise sa jouissance sur la castration de ceux qui tentent de lui en barrer le chemin. Ce n’est donc pas un accident si, par le truchement de sa combinaison haptique, ce dernier ressent dans sa propre chair le coup abrupte qu’il reçoit dans les parties les plus intimes de son anatomie lors de la bataille épique qui clôt le jeu. Et puisque nous sommes tout de même à Hollywood, U.S.A., le F.B.I. mettra finalement la main au collet de l’infâme dans la réalité cette fois bel et bien fictive de l’happy end : Game over.

Mais reprenons : à ma droite, j’ai donc le père symbolique, celui qui noue le désir à la loi, magnifie l’existence dans l'acte de sublimation dont il est l'ultime tenant et transfigure le sujet par l’entremise des insignes que lui promet l'accomplissement de son destin ; à ma gauche, le père imaginaire, le méchant pas beau du surmoi de la névrose, le représentant de l'ordre décrié, le commandeur impératif aux jouissances individuelles que tous, ou presque, aimeraient mettre aux arrêts. Et bien, ces deux places redoublent le démenti névrotique, soit le refus d’entrevoir que ce qui limite la jouissance est un fait de structure et non pas un état des lieux provisoire comme voudraient bien le croire le névrosé lui-même, mais aussi son principal complice, celui qui dans la réalité le manipule véritablement, le pervers à qui la mise en scène du film parvient à faire avaler sa castration - en quoi Spielberg tient peut-être dans cette épure cinématographique le pari de l’authentique conte de fées !

Or, avant son décès, Hallyday a programmé la présence de sa doublure virtuelle dans l’Oasis en la baptisant du sobriquet quelque peu ridicule d’Anorak, de sorte que, mort, il peut toutefois encore intervenir auprès des concourants pour leur délivrer les énigmes vaguement existentielles que requiert le jeu de piste. Cependant, bien que l’intrigue se déroule en 2045, le scénario est truffé de références la replaçant dans une culture pop et informatique qui correspondrait plutôt à la jeunesse créatrice de Hallyday et de Spielberg lui-même, celle des années quatre-vingt. Du coup, l’anticipation anxieuse supposée par l'action est aussitôt démentie tant pour l'auteur que pour le spectateur, ramenés ensemble par un singulier effet topologique à une époque où certains des aspects les plus alarmants de notre contemporanéité étaient candidement ignorés et les perspectives du développement informatique actuel à leurs premiers balbutiements - une époque que les moins de 20 ans, définitivement, ne peuvent pas connaître ; une époque enfin où Spielberg était encore, tout comme le personnage central de son film Wade, un jeune premier.

Et voici l’essentiel :
Au moment où la quête s’achève, le jeune héros questionne directement Anorak, soudain redevenu Hallyday puisqu’il a, sans crier gare, laissé tomber les oripeaux du doublon virtuel : « vous n’êtes pas un programme, n’est-ce pas ? ». À quoi le créateur de l’Oasis répond par un sourire un peu triste et un silence qui restera mystérieux. Et alors, sans qu’il ne s’en soit jusqu’alors nullement rendu compte, le spectateur réalise tout à coup la discrète évolution du programme d’Halliday qui, au fur et à mesure de la progression du jeu, en s’adressant au jeune Wade d’une manière de moins en moins automatique, intervient pour le dire carrément de plus en plus comme la véritable conscience du film. Il y a de surcroît dans cette scène un témoin muet, Hallyday enfant, programmé à consoler la solitude de son existence juvénile en se confrontant pour l’éternité à la perpétuelle exploration des premiers jeux vidéos qui aient jamais existé - scène qui en soi répète la boucle impeccablement récursive d'un souvenir-écran. Trois âges du même homme dont la cohabitation rigoureusement impossible dans le même espace-temps n’est pas sans rappeler l’énigme de la Sphinge que sut résoudre Œdipe le premier, et dont la réappropriation par Spielberg invite à la relecture psychanalytique.

En effet, cette question formulée sur le mode interro-négatif résume le problème scientifique que pose à l’être humain l’intelligence artificielle, puisqu’elle a tout du test de Turing : si une IA est en mesure de nous faire douter de son artificialité, autrement dit si cette IA peut se faire passer pour humaine, alors elle aura réussi à passer le test prouvant qu'elle n'est plus seulement la copie automatisée de nos raisonnements, mais une intelligence à part entière. Évidemment, le film ne dit pas si cette réponse en creux de Hallyday n’a pas elle-même été programmée par son créateur comme un pied de nez adressé à sa propre mort. Ici surgit le principal démenti qu’interroge le film : l’intelligence créatrice du vivant peut-elle s’affranchir de la chair qui supporte le fantasme de cette séparation autrement que dans sa contribution à une œuvre humaine ? Ou sous une forme contemporaine plus prosaïque : une intelligence artificielle forte est-elle à strictement parler possible ?

Cette question intéresse le psychanalyste pour des raisons certaines : puisque l’angoisse que provoque le vivant se diffuse dans les tentations les plus anciennes de l’espèce humaine d’abstraire la jouissance de son substrat corporel. On retrouve ainsi dans notre modernité le clivage lié à l’impossibilité de supporter l’éthique nouant la mort à la sexualité, du fait de l’impuissance de formuler le trou qu’elle représente pour toute cognition future. Et le démenti d’entrer ici en fonction d’abord sous sa forme la plus altérée, celle du leurre. Mais le film de Spielberg va incomparablement plus loin : n’est-il pas en effet le moyen pour son auteur de sublimer la béance annoncée de sa propre disparition, sans obturer le réel irreprésentable qui en déchirerait le symbole, puisqu’en désignant cette impossibilité par l'index qui la signe, le créateur qui reprend vie dans l’Oasis lors d’une scène de son enfance où il jouait déjà aux jeux vidéos, nomme l’énigme que posera pour toujours à chacun la jouissance insondable de l'Autre qui détermina son être ? Ou pour paraphraser Héraclite d'une façon délibérément paradoxale : la seule éternité accessible ne se logerait-elle pas dans le refus d'assumer la perte de l'enfance ?

De fait, la question mise en abîme par le film testamentaire se ramasse dans une équation : Hallyday=Spielberg=ego de tous les successeurs possibles = démenti de la mort par la recherche d’une filiation digne de ce nom, qui jusqu’à preuve du contraire reste pour l’être humain le seul moyen de nier sa finitude dans la transmission de son désir de vie et de sa contribution, aussi humble soit-elle, au combat pour la culture.

La psychanalyse tient donc in fine le fil que le film de Steven Spielberg lui permet d’extraire : pas de transmission sans l’énigme qui, nouant la pulsion à un acte de parole, cheville le vivant à la jouissance de l’Autre, puisque la question adressée sous la forme interro-négative tient la contradiction du projet de l’intelligence artificielle dans les termes mêmes qui la rendent aussi absurde qu’impossible : vous n’êtes pas un programme, n’est-ce pas ? Autrement dit pas de transmission sans un père réel qui, irriguant de sa chair le symbole de la paternité, peut répondre en écho à chaque fils qui aurait pris le risque de lui adresser sa question : non, tu n’es pas un programme.

Montréal, le 17 mai 2018
François Cardoso


Prêt joueur un ?

Le dernier film de Steven Spielberg, Ready player one (https://youtu.be/cSp1dM2Vj48), nous projette dans un futur proche qui aurait renoncé à résoudre nos impasses écologiques et humanitaires les plus contemporaines. Ainsi, en 2045, nul ne pourrait plus trouver refuge à son espoir d'accomplissement personnel que dans un univers purement virtuel, habilement baptisé par son concepteur l’Oasis, une création informatique sans limite programmée par de surpuissants algorithmes, dans laquelle on pénétrerait par le truchement d’un visiocasque et d’une combinaison haptique. Là, permission serait donnée à chacun de devenir ce qu’il n’aurait pas le pouvoir d’incarner dans son existence biologique. Et, dans le cadre d’un jeu en ligne massivement multijoueur, l’occasion d’un rêve éveillé et universel serait promue par l'infini des distractions auxquelles personne ne pourrait plus accéder dans sa morne quotidienneté.

Ce scénario anticipe l’échec du dépassement de la logique du démenti dans une perspective résolument pessimiste, puisque la catastrophe collective dans laquelle l’humanité aurait laissé se perdre la planète, aurait débouché sur une addiction généralisée au divertissement ne permettant plus de ne nourrir aucun espoir de sortie des problématiques migratoires, économiques ou politiques auxquelles nos consciences sont déjà confrontées. On peut du reste légitimement se demander -au présent de l’indicatif cette fois- si la prolifération des gadgets dans nos vies ne trahit pas elle aussi la nécessité où nous en sommes de multiplier les défenses, imaginaires, contre l'effraction d'une si cruelle réalité.

Les premiers niveaux de démenti explorés par le film avec brio sont ceux que nous venons d’épingler dans nos premiers paragraphes.

Mais il suffit de s’arrêter à quelques séquences cinématographiques pour apercevoir que même le prétendu « oasis » échoue lamentablement dans sa fonction de masquer à la conscience humaine ce qui, dans le réel, castre le sujet.

Tout d’abord, les joueurs ne peuvent faire face sans anxiété aux moments où le personnage qu’ils incarnent dans le jeu perd la vie, car ils tentent alors d’empêcher - par leurs membres évidemment intacts, puisque ceux-ci sont encore entiers dans la seule et exclusive réalité - la dissolution du corps imaginaire dont se supporte leur vaine identité, bien que ce corps virtuel soit supposé n'avoir pour eux aucune autre matérialité que celle que le fantasme peut éventuellement lui prêter. Et, lors des scènes de combats ludiques qui par principe excluent la mort véritable des participants, le spectateur du film assiste à la répétition comique de l'instant du game over, où le protagoniste malchanceux, soudain désespéré par la perte qu'il subit, essaie d'enrayer l’éparpillement funéraire de son alias imaginaire, dans un geste démontrant sa totale impuissance à en retenir l'effusion- effusion qui, soit dit en passant, révèle au grand jour l'unique matérialité de l'effigie factice en répandant dans l'Oasis sa décomposition soudaine en cyber petite monnaie ! L’image est saisissante mais trahit bien un affect impossible à dénier, même dans un environnement dénué apparemment de toute consistance réelle, un affect dont Lacan disait en outre qu’il est le seul qui ne trompe pas : l’angoisse. Du coup, les personnages du film ne parviennent-ils pas, bien entendu, à s'en prémunir quand ils sont confrontés à la chute de la puissance phallique de l'alter ego qu'ils incarnent dans l'Oasis ; aussi imaginaire soit ce monde dont il sont fondamentalement privés ; aussi factice soit le sosie que leur moi rêverait d'incarner, qu'importe son degré de virtualité.

En outre, la fiction du jeu repose sur le principe d’une quête qui à l’évidence n’a pas grand chose d'éthéré. Résumons: avant de mourir, le créateur du jeu a caché un œuf de Pâques dans son univers et celui qui s’en emparera héritera de sa fortune colossale. Paradoxe : mort programmé, c'est sous la forme d'un hologramme fantomatique qu'il s'adresse au collectif des joueurs afin de leur délivrer quelques indices facilitant la résolution du jeu de piste. Puis quand l’un d’eux trouve une des clefs résolvant une étape de la quête, le doublon du créateur s’adresse alors directement au gagnant pour le féliciter et lui révèler la prochaine énigme que requiert la progression du jeu. Aussi le liant qui donne sa véritable consistance à cet univers virtuel et réunit l'intérêt des joueurs, est-il un bien concret et tout à fait prosaïque : l’argent. En quoi le second échec du voilement virtuel rejoint le premier précédemment énoncé : le fantasme de la jouissance infinie qu’une richesse incalculable est supposée procurer à ses très rares possesseurs, et l’angoisse de la perte du peu que les prolétaires possèdent - c’est-à-dire tous les autres!- suturent du même fil blanc la fiction de ce monde virtuel par un enjeu tout ce qu’il y a de plus réaliste et finalement rien moins que futuriste- la confiscation du pouvoir financier dans les mains d'une infime minorité.

Nous venons de montrer en quoi l'Oasis ne parvenait pas, en tant que réalité virtuelle, à démentir à ses joueurs le réel qu'ils espèrent grâce à lui escamoter et ce pour des raisons structurales : à savoir celle de la castration du phallus imaginaire et de tout autre fétiche, ersatz ou gadget qui viendraient en désigner le manque. Du reste, c'est la place du fantasme de présenter au névrosé le réel dans le voile virtuel que son psychisme tient pour la réalité. Mais si ce film d’anticipation ne déployait pas en filigrane une autre question, son intérêt serait finalement limitée à celui du bon divertissement cathartique, qui, en nous présentant un problème contemporain sous une forme futuriste aggravée, confère à celui-ci l’apparence momentanée de l’innocuité- de celle qui nous voile notre douloureuse, grimaçante et malheureusement banale contemporanéité. Ce en quoi, le fond du scénario en rejoindrait la forme, ce qui, une fois n'est pas coutume, n'en ferait qu'une oeuvre de second plan. Cependant, Ready player one revêt aussi pour Spielberg une dimension testamentaire et de ce point de vue, il y a bien dans cette production une sublimation réussie du démenti qu'elle désigne : celle de la mort annoncée de son créateur. Et puisque la résolution singulière qu'elle permet rejoint des préoccupations communes pour le sujet parlant, nous lui consacrerons encore fort logiquement quelques-uns de nos prochains posts.

Montréal, le 21 avril 2018
François Cardoso


Matrix (revisité)

Admettons : la réalité que nous percevons n'est plus qu’une illusion, car le rêve transhumaniste de l'intelligence artificielle a finalement pris le contrôle de notre planète. Les êtres humains dorment, continûment, baignant chacun dans le liquide utérin du cloaque qu’ils n’ont jamais quitté, celui de la Matrice - du latin mater, la mère.

Branché en permanence sur cette intelligence artificielle, que notre activité neuronale nourrit d’une part infime de l’énergie nécessaire au fonctionnement de sa totalité, aucun ne se réveille plus jamais du rêve matriciel déterminé pour lui.

Dans ce rêve pourtant, tous sont convaincus d’avoir affaire à la « vraie », la seule réalité. Elle paraît en effet à chacun aussi infrangible que la nôtre et, à chaque fois qu’il s’y endort, il rêve tout simplement qu’il est entrain de rêver !

Aucun réveil n'est plus possible. Pour toujours.

Mais... Trêve d’angoisse !

Un groupe d’humains serait cependant conscient et résisterait. Ils cherchent Néo, celui dont l’Oracle -en fait la mère suffisamment bonne qui assumera que les enfants peuvent un jour la quitter - a signifié à leur chef - en fait le père, bien informé, par le truchement de qui cette séparation adviendra -, que ce Néo un jour libèrera l’humanité.

Ceci est un bref commentaire, très libre, d’un film de 1999, la Matrice au Québec, Matrix en France (https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Matrix_(film)).

Un personnage nous intéresse particulièrement : Cypher, un des résistants (https://youtu.be/OLv6ycYcpGI).

Certes, mais c’est un traître : il désire que la libération échoue, que les vivants restent dans la promesse indéfinie du sommeil cloacal. Car il a un vœu : retourner, riche, beau, célèbre et puissant, dans l’illusion de rêve que la Matrice fera pour lui, en oubliant ce qu’il sait, que cette belle réalité, dont la métonymie est recélée dans le morceau de steak qu’il croit déguster, n’est en fait que la caverneuse illusion du bœuf triple AAA dont il est définitivement privé. Au fond, il n'a qu'un souhait : le retour du démenti par lequel sa castration lui est truquée. Un projet qu’on pourrait dire anti-platonicien - en quelque sorte.

Le pari d’une psychanalyse est de permettre au contraire d’assumer une sortie sublimée du démenti. De faire du sujet non un Cypher, mais un Néo qui, en traversant l’écran du fantasme sous-tendu par la réalité matricielle où se projette l’invariance des répétitions, accède à ce réel dont nous gageons qu’il n’est en rien le cloaque imaginaire des symboles initialement redoutés.

Car dans l’opération, une part de jouissance est réalisée : ici dénouant les déterminismes ; là permettant le renoncement aux illusions dont s’établissait le sentiment de notre peu de réalité.

À suivre...

Montréal, le 7 avril 2018

François Cardoso


Le démenti illustré

Quand l’actualité rattrape soudain nos propositions psychanalytiques, il convient d’en dire un mot afin d’illustrer nos propositions.

Le 29 mars, TVA a diffusé dans l’émission JE une enquête de Marie-Pier Cloutier, fort bien documentée, intitulée Se droguer pour réussir, une pratique de plus en plus répandue (http://www.tvanouvelles.ca/2018/03/29/se-droguer-pour-reussir-une-pratique-de-plus-en-plus-repandue).

On y voit des étudiants interrogés sur leur consommation illégale de médicaments psycho-stimulants, utilisés ordinairement pour le traitement des troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité. Ces jeunes utilisent les molécules pharmaceutiques dans le but d’accroître leurs performances académiques, de manière éventuellement ponctuelle lors des examens.

Certains d’entre eux le font surtout parce qu’ils ont un emploi grâce auquel ils financent leurs études, préoccupation double si l’on peut dire, qui les soumet à un niveau de fatigue parfois peu conciliable avec une implication académique soutenue.

Que nous enseigne cette situation ?

Ce dont nous vous parlions dans le précédent post en date du 30 mars : la rencontre du démenti comme mode de défense fondamental de la subjectivité humaine et de son renforcement dans notre lien social.

Voici un usage qu’on pourrait dire gadget des pilules, à seule fin de dépasser des limites individuelles qui sont parfois la marque d’un interdit qu’il conviendrait de ne pas franchir. Il est probable que l’identification inconsciente du sujet à une machine à calculer informatique alimente plus encore la méconnaissance de ce qui en nous cherche à se soustraire aux exigences exorbitantes de l’esprit du temps.

Le Docteur Chiasson qui officie à la clinique Nouveau Départ tient du reste dans l’émission des propos auxquels nous ne pouvons que souscrire : afin d’atteindre des objectifs de rendement et de productivité irréalistes, l’individu contemporain est prêt à tout pour réussir, quitte à aligner son désir sur la demande sociale ou sur ce qu’il croit tel, ce qui est une des définitions possibles d’un nouveau surmoi monstrueusement tyrannique, enjoignant aux individus de marcher au pas d’une économie de la performance se souciant en définitive très peu de la dimension affective de l'existence. Pire, un des autres interlocuteurs de l’émission, Jean-Pierre Fallu, expert en toxicomanie, évoque une société, peut-être utopique après tout, où la norme collective serait le dopage généralisé, dans le seul but de réussir selon des schémas de toute-puissance et de succès bien peu compatibles avec la singularité oisive et amoureuse du vivant. Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley n’est déjà plus très loin...

Fort heureusement, le reportage montre des médecins qui faisant face à des demandes de prescription instantanée orientent leurs patients vers l’évaluation neuropsychologique.

Cependant celle-ci pour être complète, selon les exigences idéales de nos professions, ne devrait-elle pas être étayée d’un diagnostic différenciel, intéressé aux aspects psychiques et, éventuellement, psychodynamiques qui de façon concomitante peuvent largement contribuer à ce que l’attention du sujet objecte à sa virtualisation dans la demande de l’Autre ?

C’est bien évidemment ce pan du débat qui intéresse la psychanalyse et la convie à y offrir son humble contribution.

Montréal le 1er avril 2018

François Cardoso

Nouvelle psychanalyse ?

La psychanalyse a grandi et essaimé sur les concepts de refoulement et d’inconscient. Là où c’était inconscient et refoulé, c’était mon devoir d’advenir comme sujet de la parole et de prendre mes responsabilités quant à la direction de mon existence. C’est un pari que plusieurs avant nous ont tenté avec succès.

Toutefois, dans un article tardif et inachevé, « Le clivage du moi dans le processus de défense », Freud réalise l’ampleur des résistances à la finalisation des cures et jette soudain un éclair qu’à notre sens la clinique contemporaine ne peut que corroborer : l’être humain, aussi conscient soit-il, ne peut soutenir, par exemple, la conscience du terme de son existence sans rencontrer l’angoisse. Les conduites addictives, celles du passage à l’acte, mais encore les dissociations, qui toutes ont fleuri avec la chute des religions, tendent à le démontrer : quand l’usage du transcendant ne colmate plus la question du sens, l’individu rencontre les limites de son état.

Or, la proposition freudienne tient en quelques mots : si le clivage du moi et de la subjectivité est indépassable, le sujet cherche à voiler à sa conscience ce que d’autre part il sait par le truchement du symptôme. Quelle réponse une cure peut-elle donner à ce point apparemment infranchissable ?

Notre premier engagement est de soutenir qu’elle le peut : en permettant à ceux qui nous consultent de produire une solution subjective rendant le monde contemporain et ses impasses écologiques, économiques et existentielles habitable, et ceci dans la mesure de la contribution que le sujet apportera à une communauté humaine.

Cette nouvelle façon ne peut être produite dans le silence. Elle requiert une nouvelle psychanalyse informée de ces enjeux et capable de soutenir un usage renouvelé de la parole et du transfert, restituant au sujet ce que la logique contemporaine lui voile, a commencer par sa place dans une filiation et la puissance créatrice de ses capacités associatives pour dénouer les mécanismes de la répétition. Ce serait aussi une psychanalyse apte à fabriquer un démenti de la finitude, qui ne s’exprimerait plus par le passage à l’acte, la perversion, les addictions ou la dissociation, mais dans l’œuvre d’une vie. Ce sera encore une psychanalyse qui ne bouchera pas la question du sens par une signification formatée, étayée par l’illusion du raisonnement statistique déniant la singularité irréductible de chacun, puisqu’elle permettra au sujet de devenir ce qu’il est.

Force est de constater cependant notre exposition contemporaine a des gadgets de toute sorte : autant de leurres pour la subjectivité quant à la possibilité incessante de satisfaire à tous les manques et à toutes les jouissances.

Comment veiller à ce que le renouveau psychanalytique ne soit pas à son tour un de ces objets consommables aussitôt adulés, aussitôt rendus à son obsolescence programmée en attente d’un prochain ersatz ? Comment faire en sorte que l’individu aux prises avec le démenti de sa finitude, puisse symboliser le dépassement de ses limites par l’entremise d’un transfert qui lui rende sa vérité, tout en ménageant le fil de l’existence dans ce qu’il a de plus singulier ?

La cure que nous proposons est ce bricolage sémantique adressé comme un dessin d’enfant. Pas de jugement esthétique, moral ou normatif ici, mais la possibilité d’être orienté pour permettre de tirer le meilleur de sa position subjective, en la départant de ce qui l’entrave ; le moyen aussi de mettre le doigt sur un signe qui dépathologise le démenti de sa fascination pour le vide et du pousse à la jouissance que la tentation de la dérive implique.

Comment du reste ? Par un usage du transfert qui ne dupe pas le sujet, puisqu’il se signale de se dissoudre au moment de se nommer, abolissant du même geste le substitutif qui viendrait sans cesse se représenter pour en empêcher la fin. Car, si l’analyse vise à permettre de se déprendre de ce qui leurre, cette visée ultime doit très logiquement s’appliquer aussi à elle-même, faute de quoi elle renoncerait à sa finalisation et à ce que le sujet parvienne à se sortir de la ruée vers l’ersatz à quoi le voue la constante insatisfaction des marchés.

Nous déploierons dans nos futurs posts la logique de ces articulations.

Montréal, le 30 mars 2018

François Cardoso


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